La maladie du greffon contre l’hôte, communément appelé GvH (Graft versus Host Disease, en anglais), est l’une des complications les plus redoutées après une greffe allogénique de cellules souches hématopoïétiques (GCSH) dans le cadre d’un traitement contre un cancer du sang. Dans ce cas, les cellules souches greffées reconnaissent l’organisme du receveur comme étranger et l’attaquent.
Il existe deux types de GvH : la forme aiguë et la forme chronique. Toutes deux peuvent engager le pronostic vital du patient, bien que la forme aiguë soit la plus fulgurante. Ces deux types de GvH se différencient par leur délai d’apparition : dans les 100 jours suivant la greffe, il s’agit d’une GvH aiguë ; au-delà, on parle de GvH chronique. Ces deux types de GvH diffèrent aussi par leurs symptômes.
Patients et proches de patients
Cette page s'adresse aux patients et à leurs proches qui souhaitent en savoir davantage sur les cancers du sang.
Cancers du sang : traitements, greffe et avancées – Ce qu’il faut savoir

Parmi les cancers du sang les plus fréquents, on retrouve :
- Les leucémies : de forme aiguës ou chroniques, elles atteignent les cellules de la moelle osseuse, à l’origine des globules blancs.
- Les myélomes : ils atteignent les plasmocytes (globules blancs).
- Les lymphomes : ils atteignent les lymphocytes (globules blancs). On distingue deux catégories de lymphomes : le lymphome hodgkinien (LH), et le lymphome non hodgkinien (LNH).
Vous trouverez plus d’informations détaillées sur les cancers du sang ici : Laurette Fugain.
Aujourd’hui, plusieurs traitements permettent de lutter contre les cancers hématologiques. Les traitements sont choisis selon le type de cancer, son stade, l’état de santé générale du patient. Parmi ces traitements, on retrouve les chimiothérapies, les thérapies ciblées, les radiothérapies, et dans certains cas, une greffe de moelle osseuse ou de cellules souches hématopoïétiques.
Les avancées en immunothérapies ont aussi ouvert de nouvelles perspectives prometteuses pour lutter contre le cancer. L’immunothérapie agit en activant le système immunitaire du patient afin de l’aider à reconnaître les cellules cancéreuses et à les détruire.

Cette greffe permet de reconstituer une moelle osseuse fonctionnelle chez le patient, en particulier après une chimiothérapie ou une radiothérapie. L’objectif est de remplacer la moelle osseuse et le système immunitaire du receveur par un système sain issu d’un donneur. Une fois implantées, les cellules souches saines peuvent se différencier pour produire des cellules sanguines spécifiques et pleinement fonctionnelles.
En fonction de la source des cellules souches, on distingue plusieurs types de greffe, notamment l’autogreffe (où les cellules souches proviennent du patient lui-même), et l’allogreffe (les cellules proviennent d’un donneur sain présentant des cellules compatibles avec le patient).
Chaque traitement comporte des risques et des complications potentiels dont le patient doit être informé par l’équipe médicale. De plus, la greffe de cellules souches affaiblit le système immunitaire du patient en raison des traitements reçus, le rendant particulièrement vulnérable aux infections. L’une des complications les plus graves de ce type de greffe est la maladie du greffon contre l’hôte.
👉 En savoir plus sur les greffes de cellules souches – Canadian Cancer Society – FR

La recherche d’un donneur commence généralement au sein de la fratrie, où il existe une probabilité de 1 sur 4 de compatibilité génétique. Si aucun donneur familial n’est compatible, des volontaires inscrits sur des registres internationaux peuvent être sollicités.
En savoir plus : Etablissement Français du Sang- Don de moelle osseuse : un précieux sésame pour lutter contre les maladies du sang
La maladie du greffon contre l’hôte – GvH


- Affection de la peau : sécheresse, éruptions cutanées, démangeaisons, desquamation, brunissement, durcissement et resserrement
- Sécheresse oculaire pouvant être accompagnée d’une sensation de brûlure
- Sécheresse de la bouche accompagnée ou non d’ulcères buccaux
- Diarrhées, perte d’appétit, crampes d’estomac, vomissements, perte de poids
- Douleurs musculaires et articulaires
- Infections
- Difficultés à respirer

L’éruption cutanée est la manifestation la plus commune de la GvH aiguë. Elle peut être légère et localisée, mais peut aussi atteindre le corps entier.
L’aGvH s’intensifie lorsqu’elle touche le tractus gastro-intestinal ou le foie. Le symptôme imputant une affection au foie est majoritairement le teint jaunâtre (ictère ou jaunisse). L’atteinte gastro-intestinale est notamment associée à des complications graves telles que diarrhées intenses, douleurs abdominales, hémorragies intestinales et la mort.
La GvH aiguë est gradée selon la gravité des symptômes :
- Grade I : symptômes légers (seule la peau est touchée)
- Grade II : symptômes modérés
- Grade III : Symptômes graves
- Grade IV : symptômes très graves

Quelle prise en charge ?
Lorsque les premiers signes de la maladie du greffon contre l’hôte (GvH) apparaissent après une allogreffe de cellules souches, le traitement de première intention repose généralement sur l’usage de corticoïdes. Ces médicaments permettent, dans certains cas, de contrôler l’inflammation et de limiter les attaques du système immunitaire. Pour ces patients, un traitement par immunothérapie peut être envisagé, mais les options restent encore limitées et l’efficacité variable.
Malgré les traitements existants, un besoin médical non couvert persiste pour de nombreux patients atteints de GvH. C’est dans ce contexte que des solutions innovantes voient le jour, notamment autour du microbiote intestinal.
Restaurer l’équilibre du microbiote intestinal pour mieux soigner les cancers du sang
Le microbiote intestinal, cet ensemble de milliards de micro-organismes qui vivent dans notre intestin, joue un rôle essentiel dans notre santé. Les microorganismes qui vivent dans notre intestin sont totalement uniques à chaque individu. Le microbiote intestinal influence non seulement la digestion, mais aussi notre système immunitaire et l’efficacité de certains traitements médicaux, notamment en oncologie.
Source : INSERM – Dossier Microbiote Intestinal

Quel est le lien entre microbiote et complications post-greffe dans les cancers du sang ?
Les chimiothérapies et antibiothérapies intensives peuvent gravement endommager le microbiome intestinal, provoquant ce que l’on appelle une dysbiose (un déséquilibre du microbiome intestinal par rapport à son état sain). Des données suggèrent qu’il existe un lien entre la dysbiose du microbiote et la GvH, ainsi que la survie des patients greffés.
En effet, des études récentes ont montré que la haute richesse bactérienne (nombre total de bactéries présentes dans le microbiome intestinal) et la haute diversité bactérienne (nombre d’espèces différentes dans le microbiome intestinal) sont associées à un taux de survie plus élevé chez les patients recevant une allo-GCSH, diminuant chez ces patients le risque de complications courantes.
Pour plus d’informations, écouter le rdv de la SFGM-TC dédié au microbiote et nutrition : https://www.sfgm-tc.com/actualites_patients_aidants_donneurs/microbiote-et-nutrition/

Une approche innovante : la restauration du microbiote intestinal dans les cancers du sang
Face à ces constats, et en complément des traitements actuels pour la GvH, une piste thérapeutique émerge : restaurer le microbiote intestinal avec des médicaments, afin de rétablir un équilibre microbien bénéfique. Bien qu’encore en phase d’étude clinique dans le contexte des cancers hématologiques, cette approche montre un potentiel pour renforcer l’efficacité des traitements anticancéreux et stimuler la réponse immunitaire. Des études cliniques en cours dans le domaine suggèrent que la restauration du microbiote intestinal pourrait :
- Stimuler l’efficacité des traitements contre le cancer ;
- Réduire les effets secondaires liés à l’allogreffe ;
- Améliorer la qualité de vie et la survie globale des patients.